Vous avez sûrement déjà entendu parler de la coca, la plante sacrée originaire du nord-ouest de l’Amérique du Sud, qui est surtout très mastiquée en Bolivie ! Mais pour autant que savez-vous à son propos ? Quelle est son utilisation et pourquoi est-elle si importante et controversée dans le pays ?
Thaki Voyage a décidé en juillet de mettre l’accent sur cette herbe millénaire et ancestrale afin de préparer en août, le mois de la Pachamama, car de nombreux rituels utilisant cette plante sont dédiés en l’honneur de la Terre-Mère.
Cette feuille, puissant symbole de l’identité culturelle bolivienne nous invite aujourd’hui à réfléchir, ainsi partons à la rencontre des sociétés traditionnelles du pays à travers les champs de coca !
La coca, quésaco ?
La coca provient d’un arbuste pouvant atteindre 3 mètres de hauteur, dont les feuilles vertes et les fleurs blanches et jaunes se transforment en baies rouges une fois leur maturité atteinte.
Cette plante qui se trouve dans la région amazonienne du Chapare, pousse davantage dans la région abrupte des Yungas, c’est-à-dire au nord de La Paz. C’est dans les montagnes et les vallées sacrées des Yungas, situées à la limite des Andes et du bassin amazonien que se récoltent la coca mais aussi plusieurs fruits tropicaux, du café, du tabac et du cacao. La coca est cultivée depuis la période précolombienne dans cette région, à la végétation luxuriante dans laquelle les premiers colons découvrirent de l’or.
La coca peut être consommée sous différentes formes, comme infusée en tisane ( le mate de coca ) ou encore mastiquée. Le mot Picchar issu de la langue aymara désigne l’acte de mâcher de la coca. Il est d’ailleurs spécialement employé pour la mastication de cette feuille.
Cette action est semblable au fait de chiquer du tabac, puisqu’il suffit de former une petite boulette de coca et de la mettre dans sa joue. L’effet qu’elle produit est à la fois anesthésiant mais aussi énergisant.
Selon les locaux, ce sont les alcaloïdes présents dans les feuilles de coca qui seraient bénéfiques à la santé. La coca est utilisée dans le but de lutter contre la fatigue, la douleur mais aussi contre les effets de l’altitude. Il est donc fort possible que vous la goûtiez lors de votre passage en Bolivie !
De plus, elle est aussi un coupe faim naturel, ce qui fait d’elle une plante aux multiples propriétés, toujours très consommée et produite dans le pays actuellement.
La coca, déclarée essentielle au patrimoine bolivien et à la culture andine.
La coca fait depuis très longtemps essentiellement partie de le vie des habitants. Déjà au cours des premières cultures, des références spécifiques concernant l’utilisation de la coca avaient été trouvées. Par exemple, les Tiwanacotas l’utilisaient lors de grandes cérémonies dédiées à leurs divinités. Quant aux Charka-Qaraqara, qui possédaient des terres agricoles dans les vallées du Río Grande, de Tiraque, de Totora et de Mizque, ils contrôlaient sa production, son commerce mais aussi son usage lors de rituels.
Par la suite, la coca continua d’être utilisée durant les rituels incas. En effet, elle assiste tous les rituels religieux des peuples de l’Altiplano car son rôle est essentiel lors des cérémonies d’offrandes dédiées aux Apus, les esprits de la montagne, au Soleil Inti et à la Pachamama. Elle était aussi utilisée lors de cérémonies guerrières.
Après l’invasion espagnole, la coca devient un élément d’usage quotidien pour les indiens, notamment pour les mitayos, puisqu’elle permettait d’encourager les guerriers dans la danse comme dans la bataille.
Cependant elle a été reconnue par l’église comme une invention du diable, la considérant comme diabolique en raison de son utilisation répétée à travers différents rituels.
De nos jours, il est estimé qu’environ 1,2 million de kilos de feuilles de coca sont consommées de manière traditionnelle en Bolivie tous les mois, c’est-à-dire qu’elles sont mâchées, infusées ou utilisées au cours de cérémonies diverses.
Dérives et controverses : la coca, la question qui fâche
La vision controversée de la coca est, ces dernières années, au coeur de nombreuses polémiques. Les industries du soda et de la pharmacie l’ont beaucoup utilisée, la détournant de son usage traditionnel. Ce mauvais usage de la feuille se retrouve aussi dans la confection de la cocaïne. La demande ne cessant de croître, la production locale explose.
Malgré les controverses, les producteurs de coca de la région des Yungas sont une force politique pour le gouvernement, notamment au cours de la présidence d’Evo Morales, qui encouragea les utilisations alternatives de la plante dans la confection de médicaments ou de boissons gazeuses.
Ancien cultivateur de coca, l’ex-dirigeant souhaitait mettre en place une industrie de produits légaux à base de coca, car en Bolivie, la plante reste un symbole du pays. C’est donc pour cette raison que le gouvernement a souhaité aider les agriculteurs des Hauts Plateaux à développer la culture de cette plante naturelle et s’est engagée à mener une bataille contre la drogue. Comme le disait Evo Morales : « la coca, oui, la cocaïne, non! »
Il est important de souligner que la feuille de coca et la cocaïne sont deux choses complètements distinctes et que cette dernière n’a rien à voir avec la plante sacrée ! Malgré cela, si la coca demeure légale et commune en Bolivie, elle reste pourtant illégale en dehors des frontières du pays, de ce fait n’en ramenez pas à la suite de votre séjour, car aucune différence ne sera faite entre la feuille de coca et la drogue à votre retour en France.
Pour aller plus loin…
Vous avez envie d’en savoir plus sur la coca ?! Le petit musée de la Coca à La Paz s’intéresse au rôle de cette feuille sacrée, à son utilisation originelle et détournée. Faîtes y un tour !
Que son usage soit médicinal ou au cours d’un rituel, la feuille de coca est très vénérée en Bolivie. Malgré les dérives que son utilisation peut entraîner, elle fait partie de l’héritage et de la culture du pays et ses bienfaits sur la santé ne sont plus à démontrer ! Elle vous sera très utile lors de vos diverses ascensions et pour éviter le mal des montagnes. Découvrez donc la bientôt lors de votre expédition en Bolivie avec Thaki Voyage !
Par Mathilde Leroux