Vous n’avez certainenenent jamais entendu parler des topos ? Ces bijoux féminins sont une particularité de l’Altiplano, et nous réservent bien des surprises !
Histoires de femmes
L’histoire de ce bijou est intimement lié à l’histoire des femmes de cette région du monde, et ce bien avant la création de l’Etat bolivien. En effet, la présence de cet ornement sur les parures des femmes andines remonte bien avant la conquête espagnole.
Au-delà de leur fonction pratique comme broche à vêtement et bijoux, les topos sont des objets symboliques qui véhiculent un message, intégrés inconsciemment dans la culture andine et dans la vie quotidienne des Bolivennes.
Un objet symbolique aux multiples facettes
Pendant la période de l’empire Inca (1450-1532), les topos ont même fait partie de la stratégie d’expansion du pouvoir de Cuzco aux mains des femmes. A l’époque coloniale (1532-1825), ils furent un symbole de résistance et de résilience. Puis au temps de la République, ils deviennent les premiers symboles de richesse des nouvelles classes métisses.
Les premières années de la République bolivienne sont également marquées par les violences quotidiennes envers les femmes indigènes, qui durent apprendre à se défendre. Au début du XXème siècle, un nouveau terme juridique apparait dans les villes de La Paz et de Sucre : « topazo » désigne les meurtres comis à l’aide de ces objets pointus et discrets. Encore aujourd’hui, les topos sont considérés comme des armes d’auto-défense pour les femmes.
Entre cérémonie et sorcellerie
Cette broche aux nombreux usages fut également associée, pendant la période coloniale, à des pratiques ocultes. Amalgammés au culte de la Pachamama (Terre Mère) et aux célébrations ancestrales liées au cycle des saisons qui font partie intégrante de la culture andine, ces rituels étaient considérés comme de la sorcellerie, pouvant provoquer la maladie ou la mort.
D’ailleurs, l’histoire de l’indigène Maria de la Cruz, passée à la postérité, est bien représentative des préjugés de cette époque. En 1689, cette femme fut accusée par les représantants éclesiastiques de la province de Jauja d’avoir comis un meurtre en réalisant une cérémonie à l’aide de cet instrument mystérieux.
Le fameux livre La extirpación de la idolatría en el Perú de Pablo José de Arriaga (1621), qui traite de l’extirpation de l’idolâtrie dans les sociétés andines pendant l’époque coloniale, raconte comment le topo était utilisé dans les cérémonies familiales autour de la désse du maïs Zaramama, « mère de grain » en Quechua, symbole de fertilité. Cette déesse nouricière était représentée sous forme d’un épi de maïs, vétue d’un manteau accroché par un topo.
Les topos, dorés et surdimensionnés, sont aujourd’hui aborés par les femmes au moment des grandes festivités telles que la parade du Gran Poder à La Paz ou celle de la Vierge de Guadeloupe à Sucre, en signe de prospérité.
Cela vous inspire ? Rendez-vous le 11 juin 2022 pour la Fiesta del Gran Poder à La Paz !
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