Que l’on adhère ou non à son idéologie, l’histoire du Che ne laisse personne indifférent.
Cette route bolivienne vous en apprendra beaucoup sur ce stratège et intellectuel. Bien pensée, bien documentée, elle vaut le coup, et pas seulement parce qu’elle n’est pas – encore – si touristique que cela. Elle s’adresse à tous les curieux ; passionnées d’histoire ou de ceux qui ont fait l’histoire.
Partir sur les traces du Che est un véritable voyage dans le temps, qui vous replonge 50 ans en arrière au cœur d’une histoire légendaire et d’un affrontement historique en Bolivie. Celui qui a longtemps été un exemple, une inspiration, un espoir pour de nombreuses personnes, est aussi devenu un mythe, une idole, pour d’autres, incarnant une sorte de « romantisme révolutionnaire ». Entre histoire et légende ; où est la réalité ? Retourner sur ses pas permet de retracer les faits et d’appréhender toute la complexité de sa personnalité.
Tout au long de la route, vous pourrez apprécier des paysages singuliers, ceux du territoire du Chaco Bolivien, caractérisé par une faible densité de population (mais pas d’insectes) et un climat semi-aride semi-humide. L’occasion de découvrir un écosystème différent, que l’on n’a finalement pas trop l’opportunité de traverser puisqu’il regroupe peu d’intérêt touristique.
LA HIGUERA, CAPTURE ET ASSASINAT DU CHE
On l’appelait le « Che », car c’est un mot qu’il prononçait souvent, une sorte de tic de langage communément utilisé en Argentine (et en Bolivie aussi d’ailleurs).
Nous sommes en 1966, Ernesto Guevara de la Serna s’installe en Bolivie avec pour objectif d’y établir le point focal du groupe de Guérilla. Il achète un terrain pour en faire un camp d’entrainement. C’est comme cela qu’ils ont commencé à être repérés, dénoncés et localisés petit à petit par les forces spéciales boliviennes… Plusieurs combats ont eu lieu au cours desquels des guérilleros ont été emprisonnés et tués jusqu’à arriver au fameux combat de la « Quebrada del Churo » en 1967 où le Che a « finalement » été capturé.
La première étape du circuit de la route du Che consiste donc, chronologiquement, à visiter le lieu de sa capture, non loin du canyon où se trouve la caverne où il s’était réfugié.
Il s’agit d’une très belle balade de 3 heures dans une forêt d’arbres bien verte : 1h30 de descente et 1h30 de montée. Le sentier n’est pas en très bon état, en pierres et terres, glissant par moment.
Une fois arrivés sur le fameux lieu, outre la dimension symbolique, vous trouverez un très beau figuier au centre, l´étoile au sol et quelques phrases taguées prônant le Che comme « Siempre » ou « Che vive ».
Une petite pause s’impose dans ce lieu contradictoirement agréable.
Après avoir traversé un cours d’eau, on démarre la montée, bien pentue par moment. Il faut s’imaginer que les forces boliviennes ont porté le Che le long de ce sentier, pour l’amener vivant au village. Lorsqu’on commence à prendre de la hauteur, on aperçoit la végétation bien dense et bien verte dans laquelle se cache notre sentier de descente. La randonnée n’est pas très difficile mais il faut quand même être en forme physiquement.
Une fois là-haut, la voiture nous récupère et nous conduit à la Higuera où seulement 250 familles vivent, d’après une source locale. Ce village parait comme un village fantôme ou une sorte de « parc d’attraction du Che » ou tout tourne autour du guérillero présenté comme une figure héroïque. Vous trouverez plusieurs citations sur les murs, des monuments et des statues sur la place principale.
Le lieu le plus important à visiter reste l’ancienne école du village, convertie en musée, où le jeune médecin argentin a été exécuté par balles le 8 octobre 1967. Plusieurs informations et témoignages sont affichés sur les murs, que vous pourrez prendre le temps de lire. D’ailleurs dans la nouvelle école vous trouverez aussi une exposition photos sur le Che, dans la salle extérieure.
Avant de quitter la Higuera, vous pouvez également visiter la Casa del telegrafista, maison historique citée dans le journal du Che, reconvertie en hôtel. Elle offre également une exposition gratuite dans la salle à manger.
A la sortie du village, un monument en hommage aux 3 guérilleros Coco, Julio et Miguel se trouvera sur votre droite.
VALLEGRANDE, EXPOSITION DU CORPS DU CHE
Sur la route entre Vallegrande et La Higuera, plusieurs panneaux « Ruta del Che » vous indiqueront le chemin. Aussi, vous passerez par une grande roche symbolique, à laquelle on prête la même forme que le fameux béret caractéristique du Che.
Une fois à Vallegrande, l’ambiance est totalement différente. C’est un très charmant village colonial fondé en 1612 par un espagnol, Pedro Lucio Mendoza Escalante, avec une très jolie place principale très bien entretenue, entourée de très beaux bâtiments coloniaux. L’un des symboles du village est le Sombrero.
Ici le tour du Che est bien organisé, il dure un peu moins de 2 heures, il faut passer par le bureau touristique s’enregistrer et prendre un guide local. Puis nous partons en voiture en direction du Centre Culturel Che Guevara. On y trouve le mausolée du Che dans lequel figure une exposition photo qui retrace son histoire, son enfance, sa famille, ses voyages et sa métamorphose à son entrée en Bolivie (je vous défie de le reconnaitre …)
Nous nous trouvons ici sur un lieu stratégique, exactement entre l’ancienne piste d’atterrissage et l’ancien cimetière, là où le corps avait été secrètement enterré avec 6 de ses hommes dans une fosse commune et exhumé après la révélation en 1995 d’un général bolivien.
Après identification de l’identité du Che, la dépouille a été envoyée à Cuba et ses restes reposent aujourd’hui à Santa Clara.
Puis on se dirige vers une autre salle où d’autres expositions photos sont présentes. D’abord une petite relatant l’excavation des fosses en 1995 pour retrouver les corps, puis une autre, plus grande, de sa capture, son exécution et le transfert de son corps en hélicoptère à Vallegrande. Le tout avec des panneaux explicatifs. Une dernière pièce contient des objets dont la chaise sur laquelle était assis le Che lors de son exécution.
Suite à cette visite, nous marchons 300m plus loin en direction de la fosse des Guerrileros où 12 d’entre eux étaient enterrés, parmi eux Tania la seule femme de l’équipe, eux aussi exhumés entre les années 1998 et 1999.
Puis nous retournons dans le village, pour aller à l’hôpital municipal « Señor de Malta », resté original, à l’exception d’une extension du bâtiment et du toit qui a été changé. C’est dans la laverie que le corps a été exposé aux médias le 8 octobre 1967 à 17h, puis déplacé les 9 et 10 octobre quelques mètres plus loin, dans la morgue, où les 2 mains lui avaient été coupées pour les envoyer comme preuve de sa mort. Le 10 au soir son corps « disparait ».
Une fois de retour sur la place principale, il est possible d’effectuer une dernière visite, qui n’a plus rien à voir avec le Che, celle du petit musée archéologique. Il regroupe des objets, notamment des pièces en céramique, de civilisations et cultures pré-Incas, telles que Omereque, Yampara, Tiwanaku et Amazonica.
Pour clôturer votre séjour, n’hésitez pas à passer faire un tour au marché local « Mercado Municipal Celso Camacho » oú vous pourrez découvrir des spécialités locales, comme certaines liqueurs et différentes variétés de pain.